Point de Vue

 

Tous les architectes vous le diront, un bâtiment, quel qu’il soit, s’inscrit toujours dans son environnement et n’est jamais indépendant des formes qui l’entourent. Construire un édifice, c’est l’imaginer en tant que tel mais aussi en fonction de son contexte.

Chez Mickey, on pose les choses un peu différemment. Toute construction se doit de raconter une histoire, évoquer en quelques coups d’œil un sentiment, une impression, une idée… Afin d’y parvenir, l’environnement dans lequel on imagine l'édifice en question est primordial, que serait ainsi Space Mountain au beau milieu d’un champ de betteraves ? Tout au plus une œuvre abstraite aussi incohérente qu’impromptue. Que serait un saloon du Far West au milieu d’un boulevard haussmannien si ce n’est un bel anachronisme inutile… Ce genre de fouillis artistique est généralement l’apanage des lieux comme Las Vegas, chez Disney en revanche on a plutôt l’habitude de vous plonger dans le bain de la tête aux orteils, et on se transforme volontiers en spectateur actif dans un film grandeur nature.

Cet art de la mise en scène n’a jamais été aussi bien compris que par Disney, sans doute parce que les artistes qui ont développé le premier Disneyland en 1955 débarquaient pour la plupart du monde du cinéma et de l’animation. Pas étonnant donc que certains imagineers ne comparent le Royaume Magique à un film en trois dimensions, un théâtre dans lequel les spectateurs sont directement sur scène.

 

Disney a toujours pensé ses parcs à thèmes – Disneyland ou autre – de cette manière, comme un film dans lequel tout serait réglé afin de recréer une expérience unique. Quand les imagineers se penchent sur une nouvelle attraction, un nouveau restaurant ou une nouvelle boutique ces réflexes refont toujours immanquablement surface, ainsi lors de la conception de la première Tour de la Terreur au début des années 90, l’approche n’a pas été différente. L’introduction d’un tel show a été aussi minutieusement élaborée que le show lui-même ; un hôtel délabré au bout d’une avenue, un Sunset Boulevard coloré et tape à l’œil, le glamour d’un Hollywood qui n’a jamais été, trop parfait pour être vrai, trop idyllique pour réserver une conclusion heureuse…  

Bref l’histoire vous la connaissez (si ce n’est pas le cas d’ailleurs il y a toujours ce petit truc pour être au parfum) et l’heure n’est pas consacrée à l’attraction originelle des Disney-MGM Studios de Floride, mais bel et bien à notre version à nous, celle qui va ouvrir dans quelques douzaines de mois, aux Walt Disney Studios. Ainsi, bien que n’étant ni architecte ni scénariste ni critique assermenté des parcs Disney (quelque chose que certains devraient avoir plus souvent en tête d’ailleurs ;)) je n’ai pu empêcher qu’un wagon de question ne défonce la porte de mon bon sens (ce qu’il en reste). Il est intéressant d’imaginer cette future e-ticket non pas en soit mais mise en contexte, chez nous les influences architecturales diffèrent et les problèmes se posent, car si en Floride les lieux ont été relégués dans un recoin éloigné du parc, bien propice à une attraction censée évoquer le mystère et le drame, en France la tour a choisit de planter ses fondations au beau milieu des studios, littéralement à quelques dizaines de mètres de l’entrée. Par ailleurs si la tour colle parfaitement aux tons clairs de Front Lot avec une architecture similaire et très « californienne » je me demande par contre quelle va être l’impression quand on va se rappeler de la boîte de conserve en tôle qui trône juste à côté : Armageddon. La transition va être rude.

L’emplacement paraît décidément étrange pour une attraction de cette envergure et de ce type, aussi bien au niveau visuel qu’au niveau de l’histoire, puisqu’on a quelques peines à imaginer un hôtel hanté et abandonné au milieu d’un studio de cinéma (prétendument) actif. Un choix qui invite à la nuance, donc...

 

Juste une idée comme ça…