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 Disneyland

 

 

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Revenons à nos moutons mythologiques, lorsque le patron Eisner a annoncé sa décision à Joe Rohde, il a tout de suite pris soin de calmer le jeu et d’adoucir les angles, certes Beastly Kingdom ne serait pas présent à l’ouverture du parc mais vu le succès phénoménal dont celui-ci allait faire preuve, le land ferait partie de la phase 2 (prévue pour être achevée au plus tard en 2003), aucun problème à ce niveau, il suffisait juste d’attendre encore quelques douzaines de mois avant d’avoir le feu vert pour enfin passer des planches à dessins au concret. Confiant, Rohde motiva ses troupes pour se concentrer sur le parc, que tout soit prêt pour le jour J. Imagineering s’amusa même à mitonner quelques prémices de Beastly Kingdom le long des berges de Discovery River, la paisible croisière qui encercle Discovery Island en plein milieu du parc ; ils imaginèrent donc quelques éléments qui pimenteraient une attraction bien trop pâlichonne, imaginez un peu le tableau, alors que votre embarcation s’approche des rivages de Beastly Kingdom, vous entendez rugir un dragon cracheur de feu caché dans une caverne (qui sait, peut-être une histoire d’amour entre ce dragon et celui de Dragon’s Tower ?), celui ci ne fait qu’une courte mais remarquée apparition, tout va bien vous vous dites, votre bateau ne sera pas transformé en barbecue géant aujourd’hui, sauf qu’entre temps, les rugissements du dragon ont réveillé le mythologique Kraken, l’animal de compagnie de Poséidon, qui sort des flots et ne compte pas laisser l’insolent trouble fait impuni, le problème est que, entre le kraken et le dragon, il y a VOUS. Heureusement votre capitaine, qui en connaît un rayon sur les monstres de la mythologie grecque, a la bonne idée de brandir sa lyre et commence à jouer de douces mélodies, il vous expliquera enfin que certaines musiques ont la faculté d’endormir notre ami le kraken. Mais les Dieux (les Dieux Imagineers de l’Olympe de la Créativité) savent récompenser les intrépides voyageurs que vous êtes, après les tumultes et les parfums de viande grillée, vous avez droit à une vision des songes, dans une crique isolée vous apercevez enfin la muse des lieux, la licorne. Vision sublime mais fugace, vous n’avez pas eu le temps de savoir si vous rêviez ou non que déjà celle-ci s’est évanouie. Aucun doute, c’est ici que vous allez débarquer, dans ce lieu étrange que l’on appelle Beastly Kingdom, votre petit doigt vous dit qu’il y a beaucoup à voir ici…

Alléchant, isn't it ? Pour le compte, Discovery River Boat fait figure d’attraction tout à fait palpitante. Malheureusement, je suis sûr que même si vous n’avez jamais expérimenté cette attraction, vous avez compris depuis longtemps qu’il n’y a aucun kraken, aucun dragon et encore moins de licorne dans tout Animal Kingdom. La raison à cela ? Toujours la même: dépassement de budget ! WDI fut obligé de faire des économies dans tout les coins du parc, et les animatroniques de l’attraction furent oubliés, Eisner insista une fois de plus pour que les efforts soient focalisés sur Dinosaur, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous apercevez une réplique grandeur nature d’Aladar (le héros du film) lorsque vous passez devant Dinoland USA. Le seul truc qui n’est pas mort sous le couperet des restrictions budgétaires est le dragon cracheur de feu, sauf que celui-ci est devenu bougrement flemmard et qu’il ne prend même plus la peine de montrer le bout du nez, vous l’entendez, vous voyez du feu à l’entrée de la caverne et, c’est tout ! Fantastique !

Résultat ? Discovery River Boat est considérée par beaucoup depuis le premier jour comme l’attraction la plus pitoyable de tout le parc, une situation d’autant plus frustrante qu’Imagineering a de quoi régler ce problème !

Le meilleur reste encore à venir… Après tout, l’argent ça se trouve, tôt ou tard les choses arrivent et Beastly Kingdom, en sa qualité de winner à toute épreuve (un sauveur à la Space Mountain) serait construit dans quelques temps pour redresser un parc qui a tout fait sauf satisfaire le public. Alors pourquoi diable aujourd’hui c’est le mont Everest qui sort de terre et pas les tours enflammées de Dragon’s Tower ?

Chers amis, les problèmes sont venus du plus gros concurrent de Disney en Floride : Universal Studios. A l'époque ses dirigeants sont en train de planifier un second parc à thèmes adjacent aux célèbres Studios Universal ; Islands of Adventure, un parc conçu depuis le départ pour rivaliser sur le même terrain que Disney, doté d’attractions aussi uniques que magiques.  La situation était assez comique dans les locaux de Glendale puisque les Imagineers espéraient férocement que ce parc soit un succès, tout simplement car de ce fait Eisner aurait donné les pleins pouvoirs à ses artistes afin qu’ils conçoivent des attractions encore plus fantastiques, quand le big boss est dans cet état d’esprit il ne regarde pas la dépense (État d’esprit type conception d’Euro Disney Resort à la fin des années 80), car il est tout simplement hors de question d’imaginer une fraction de seconde dans un cauchemar absolument surréaliste que Walt Disney World puisse faire figure de second à quelque niveau que ce soit. Vous imaginez donc pourquoi WDI frétillait à l’idée que Islands of Adventure enchante les foules, il n’y a rien de tel qu’un concurrent à sa hauteur pour prouver sa valeur ! Inutile d’ailleurs de préciser que dans ces conditions, Beastly Kingdom aurait vu le jour beaucoup plus vite que prévu !

Malheureusement, toujours, ce deuxième parc n’eut pas le succès retentissant qu’il aurait sincèrement dû avoir. Nous passerons sur les projets de secours qui auraient pu se concrétiser si le parc avait marché, nous y reviendrons peut-être dans un prochain article. Néanmoins Islands of Adventure recelait quelque chose qui coupa le souffle à bon nombre d’exécutifs de Disney, Michael Eisner le premier. Lorsqu’il visite discrètement ce parc en janvier 2000, quelques mois à peine après l’inauguration, il se rend compte avec effroi à quel point certaines des attractions semblent horriblement familières.

Le fautif est un land qui s’appelle The Lost Continent, son Cheval de Troie, Duelling Dragons ; une montagne russe qui serpente joyeusement dans les dédales d’un château en ruine et qui semble narguer du haut de ses tours son proche voisin qu’est Disney World. Il faut savoir qu’après le flop d’Euro Disney en 1992 Eisner s’en est donné à cœur joie pour virer une cargaison de talentueux imagineers (comme si la faute venait d’eux…), ces derniers qui n’allaient pas se reconvertir dans l’art ancestral de la concoction du hamburger chez Mc Donald se sont vu offrir des postes en or chez le concurrent Universal. Et d’ailleurs, qui saurait accuser Universal d’avoir plagié des attractions qui n’ont jamais vu le jour ? Les exécutifs ont recruté d’anciens imagineers mis sur la touche injustement qui ont mis leurs idées à disposition. C’est la loi de l’industrie du divertissement, tout le monde copie tout le monde plus ou moins subtilement et d’ailleurs Disney est loin d’avoir tout inventé, il ne s’agirait pas de nous leurrer à ce niveau…

 

Nous en sommes là, les amateurs savent peut-être que c’est Disney qui en premier a dessiné les plans de Beastly Kingdom (The Lost Continent est tout sauf une copie carbone d’ailleurs, même si les « clins d’oeils » sont flagrants) mais ce n’est pas le cas du grand public, et il serait hors de question de construire quelque chose qui pourrait faire penser aux visiteurs que la Petite Souris copie ses voisins ! C’est ainsi qu’Eisner a enterré définitivement tout espoir de voir un jour ce land merveilleux, issu des mythes ancestraux, il va rejoindre à son tour les mythes qui peuplent les locaux de Walt Disney Imagineering ; Grand Père Imagineer contera le soir les récits fabuleux de Beastly Kingdom à Petit-Fils Imagineer, expliquant que ce sont les Méchants Seigneurs De Chez Universal qui ont attiré les âmes égarées de Glendale à coup de pommes délicieusement fourrées de billets…

Et la légende vivra.

Tout ça s’est déroulé il y a quelques années… aujourd’hui nous passons à autre chose, à défaut de développer la partie ouest du parc (site prévu pour Beastly Kingdom) les artistes s’affairent aujourd’hui à l’Est là où l’an de Grâce 2006 verra naître le dernier né des coaster Disney, Expedition Everest -  Legend of the Forbidden Mountain. Aucun lien de parenté entre un dragon et un yeti, néanmoins nous attendons tous d’en savoir plus sur cette montagne, rien de tel qu’un grand huit dans les règles de l’art pour donner un bon coup de fouet à un parc titubant.

 Un jour peut-être des réminiscences de Beastly Kingdom verront le jour ici et là, quelques éclairs de génies pour venir illuminer un peu plus un des nombreux parcs Disney, exactement comme ce fut le cas avec Discovery Bay. Ne perdons pas tout à fait espoir, et d’ailleurs, besoin de le rappeler ? Aucune bonne idée n’est tout à fait oubliée chez Walt Disney Imagineering !

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