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Animal Kingdom ; un parc plein de secrets, bourré de compromis, de rêves déchus, d'ambitions brisées... Une véritable série américaine de premier choix. Après des années de tentatives timides et infructueuses, Expedition Everest apparaît enfin comme future figure de proue du parc. Un an après son annonce nous savons somme toute peu de chose sur cette attraction, ce que nous savons en revanche sont des histoires du passé, des projets oubliés… Car au départ, point n’était question de yeti et d’Himalaya, au départ…
Au départ nous sommes le 22 avril 1998 et c’est l’euphorie à Walt Disney World, en ce jour béni de printemps où Animal Kingdom est inauguré en grande pompe, Imagineering grince déjà des dents en backstage et Joe Rohde, le directeur artistique du parc sait pertinemment que son rejeton ne va pas drainer les foules et l’argent qui font rêver tonton Eisner, tous les artistes concernés à Glendale qui n’ont pas pour habitude d’avoir les idées étroites ont réalisé que le quatrième parc à thème de Disney World manquait cruellement des quelques e-tickets nécessaires à en faire une véritable destination en soit. Ce qui explique pourquoi les critiques ont été mitigées lorsqu’elles ont visité pour la première fois cet « Adventureland Amélioré » de près de 200 hectares. Visuellement sublime (il faut aimer la jungle et la verdure luxuriante sinon passez votre chemin), cette « nouvelle espèce de parc à thème » a pourtant l’allure d’une couronne sur laquelle on aurait oublié de poser les joyaux du divertissement et des frissons, car hormis Countdown to Extinction –un ersatz de ride à la Indiana Jones Adventure- les amateurs de sensations fortes font grise mine. Et pourtant… Walt Disney Imagineering avait tout prévu…si tout avait marché comme sur des roulettes, Animal Kingdom n’aurait sans doute pas eu un début d’existence aussi timide.
Pas du tout. A l’origine, il était bel et bien question de dragons, de licornes, de krakens et autres animaux mythologiques qui ont tous peuplé un jour ou l’autre notre imaginaire, un land leur eut été consacré, une enclave particulièrement magique dans ce parc dédié au Règne Animal… Beastly Kingdom. Beastly Kingdom, en bonne place dans le top ten des projets oubliés que Disney devrait ressortir des cartons et refourguer à tout ses parcs en difficulté (avec Tomorrowland 2055, Geyser Mountain ou encore Discovery Bay). Ceux zé celles qui ont déjà entendu parler de ce bébé savent pourquoi on faiblit quand on contemple ces concept arts, pour les autres, voici un petit survol de ce land qui n’a jamais été, jetez donc un œil sur cette présentation faite aux visiteurs alors que le parc n’en était qu’au stade préparatoire.
Allons si vous le voulez bien un brin plus en profondeur, car cette petite introduction a tendance à nous laisser sur notre faim. Parlons un peu du plat de résistance du land, derrière son nom énigmatique, Dragon’s Tower devait être LE show d’Animal Kingdom, Imagineering avait conçu ici ce qui devait être la première montagne russe inversée jamais utilisée dans un parc Disney, ce type de ride est basé sur un système où la rame est suspendue aux rails par le haut, pour faire simple, le rail est au dessus de votre tête et, le plus souvent dans ces cas là, vous avez les pieds dans le vide. Autant dire que ce procédé tout à fait original promet des sensations bien différentes de ce qu’on peut vivre dans Big Thunder Mountain ! Dragon’s Tower aurait abrité le plus grand audio-animatronic jamais conçu, un dragon tout feu tout flamme (c’est le cas de le dire…), une sorte de version très énervée et excitée de la somptueuse créature qui réside sous le Château de la Belle au Bois Dormant parisien en beaucoup, beaucoup plus grand… En ce qui concerne La Quête de la Licorne, je pense que pour l’occasion autant regarder le concept art qui résumera bien des mots, on peut supposer ici une version bien plus vaste et délicieusement mythologique du Labyrinthe d’Alice à Disneyland Paris (qui fut, de mémoire, le premier labyrinthe bidouillé par Walt Disney Imagineering), une version flanquée de décors magiques. Quand on connaît la passion et toute l’importance que suscitaient les labyrinthes auprès des Grecs, La Quête de la Licorne incarne un agréable retour aux sources…
Niet Comme je l’ai lu dans un autre article à ce sujet, vous avez plus de chance aujourd’hui de croiser une licorne que de voir un jour Beastly Kingdom tel qu’il était prévu, ah ah… Il faut savoir que l’histoire d’Animal Kingdom fût tourmentée, du début à la fin. Au départ donc notre land magique était bel et bien prévu pour la phase 1, cependant les problèmes survinrent lors de la planification du chantier, quand on a constaté qu’il faudrait injecter 800 millions de dollars pour ce parc sans Beastly Kingdom, les ambitions furent revues à la baisse et Eisner dû faire un choix entre les dragons et les dinosaures… Pas besoin de faire durer le suspense, tous ceux qui ont déjà jeté un œil sur un plan du parc savent bien que les dinosaures occupent aujourd’hui une place de choix à Animal Kingdom. Quel a donc été le facteur décisif qui a fait remporter la manche à nos chers sauriens ?
C'est « Dinosaur », le long métrage en image de synthèse sorti sur nos écrans il y a déjà quelques années, qui est à l'origine du dilemme. Il faut préciser qu’en 1995, Disney avait déjà investi dans ce projet près de 30 millions de dollars (certains estiment qu’au final ce sont 150 millions qui furent engloutis pour terminer le film), aussi Eisner eut la brillante idée de mettre tous les atouts de son coté pour rentabiliser Dinosaur. Pensant que les visiteurs se rueraient au cinéma pour voir ce chef d’œuvre de 3D, il ordonna à Imagineering de plancher sur des attractions directement inspirées du film. Cela s'appelle la synergie, après tout Disney a toujours fait les choses de cette manière, Blanche Neige, Pinocchio, Peter Pan ou indirectement La Guerre des Etoiles et Indiana Jones. Seul détail, auparavant on avait le bon goût et la sagesse d’attendre de voir si le long métrage était un succès AVANT d’en tirer une attraction. Et quand on a constaté que Dinosaur était plus ou moins un bide en terme de recette…. Ainsi naquit de cette prodigieuse tactique Dinoland USA, un petit land dont le cœur névralgique se situe dans les bâtiments de Countdown to Extinction, un ride de type EMV semblable à Indiana Jones Adventure, le prestige du nom en moins. Nous sommes loin des fastes et des lignes féeriques de Beastly Kingdom.
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