Thunder Mesa... Rien que le nom, déjà, donne envie de chausser ses santiags. Mais passons. Vous vous attendiez à voir quelques façades pêle-mêle en carton pâte désespérément insipides et anonymes ? Vous attendiez mal, car Thunder Mesa n'a rien à voir de l'amalgame facile que l'on retrouve dans la plupart des parcs d'attractions, qui s'évertuent à raconter un Far West au travers de clichés mal fagotés. Ici, chaque édifice ou presque possède son histoire, ses anecdotes. Ce petit monde teinté d'ocre est une pièce de théâtre en trois actes, narration classique mais ô combien efficace. La seule différence c'est que l'on a viré les sièges et que la scène a pris pas mal d'embonpoint. Santiags aux pieds, Stetson vissé ? Off we go
L'architecture est minimaliste et l'ambiance rustique, mais les détails foisonnent : des canons, plus proches de décorum qu'autre chose sont encore là, des barriques et des caisses sont entassées, à l'intérieur on trouve tout un tas de provisions des fois que le fort subirait un ultime siège (celui des visiteurs le matin à l'ouverture peut être ?), même les lampadaires font très vintage avec leur lanterne d'une autre époque. L'allure d'un autre temps et les murs en rondins (voire son enseigne faite d'une peau de je ne sais quoi) de la petite échoppe Tobias Norton & Sons trône encore au sortir du fort, rendez-vous des trappeurs et unique temple du troc du temps où Thunder Mesa n'était encore qu'une hypothèse.
Bien évidemment, ce tableau bucolique changea du tout au tout quand on trouva en 1853 de l'or dans Big Thunder Mountain. La vague d'intérêt qui suscita pas mal de vocations dans le cœur d'une ribambelle de pionniers donna naissance en quelques coups de pioches à une petite ville minière bouillonnante où mineurs, commerçants et opportunistes s'empressèrent de construire une poignée d'habitations et de magasins.
A l'époque, il n'en fallait pas plus pour que trois-quatre bouis-bouis s'affublent du statut de ville. Thunder Mesa était née. Mais revenons sur le poumon de la ville, la mine de Big Thunder Mountain. Tout est encore présent et témoigne de ce que furent les années de gloire de la région ; une installation de levage, un compresseur, l'enclos des mules et un quai pour les bateaux complètent l'attirail du parfait mineur. On fit construire sur les berges une monumentale scierie et bientôt les petits wagonnets destinés à extraire les décombres et l'or peuplèrent de leur vacarme les entrailles de la montagne. La légende de Thunder Mesa évoque aussi une bien vieille histoire indienne... sornettes pour les uns, malédiction pour les autres, on raconte en tout cas que la montagne est protégée par une divinité indienne, et quiconque oserait dérober les richesses de Big Thunder Mountain serait frappé par le courroux de l'Oiseau du Tonnerre. Ce qui explique peut-être pourquoi la roche fait mine de s'effondrer quand on s'aventure dans la montagne. Des légendes, des légendes...
D'une petite ville minière parmi tant d'autres, Thunder Mesa acquit peu à peu certains fastes et avec eux quelques fortunés personnages, la preuve en est dans la partie la plus chic de la ville, sur Lucky Nugget Lane, avec le très select Silver Spur Steakhouse ou, à quelques pas de là, Thunder Mesa Riverboat Landing, adresse des deux emblématiques steamboats qui sillonnent Rivers of the Far West ; la Mark Twain et le Molly Brown. Le Lucky Nugget Saloon aussi à ses planches viscéralement clouées dans l'histoire de Thunder Mesa. La légende raconte que la sulfureuse Diamond Lill, danseuse au demeurant, parvint un jour à visiter la mine de Big Thunder Mountain après avoir envoûté un des mineurs (l'histoire toutefois ne rentre pas dans les détails), visite qui devint d'ailleurs plutôt fructueuse puisque damoiselle Lill trébucha sur une bien grosse pierre qui, après examen, s'avéra être... une énorme pépite d'or ! Pépite qui resta légitimement et malheureusement la propriété de la mine. Tenace, notre danseuse fit de cette pépite l'enjeu d'une partie de poker mémorable, en 1855. And she won !
Richesse et gloire ne quittèrent plus
dès lors Diamond Lill qui
L'adresse demeure pourtant quelque peu ambiguë, et ce à plus d'un titre.
Ainsi, juste à coté du Silver Spur trône le nettement moins
glamour Last Chance Café, rendez-vous des bandits à la
petite semaine trop peu fortunés pour fréquenter l'Éperon d'Argent.
On
Éloignez-vous quelque peu de ces trois enseignes et l'atmosphère change subitement ; l'ultime boutique de Thunder Mesa, celle du croque-mort J. Nutterville, opère en effet la transition parfaite entre la vie trépidante de la cité et la colline peu rassurante sur laquelle se dresse le Ravenswood Manor. Quelle savoureuse subtilité...
Alors que Sergio Leone, dans son film Il était une fois dans l'Ouest (C'Era Una Volta Il West) raconte comment, selon lui, l'arrivée dans l'Ouest du capitalisme féroce (symbolisé par le train), changea pour toujours la face de la région. Le dernier acte de Thunder Mesa, sa chute, semble trouver ses racines elle aussi dans la soif de l'or effrénée suscitée par Big Thunder Mountain. Car comme aurait très pu le dire Diamond Lil, ce sont les diamants qui sont éternels, pas l'or (ce qui expliquerait peut-être pourquoi elle fut quasiment la seule à avoir un destin heureux ?), une petite décennie après que l'on ait découvert un filon dans la montagne, un tremblement de terre secoua la montagne. Henry Ravenswood, ainsi que sa femme Martha, périrent lors du drame (Tout du moins, c'est la version officielle, cela dit quelques bruits contradictoires courent à ce sujet...), et l'exploitation de la mine fut abandonnée. Certains racontent d'ailleurs que c'est cet Oiseau de Tonnerre qui scella une bonne fois pour toute le sort de la mine.
Ainsi la frénésie s'estompa et par dépit sans doute, Thunder Mesa adopta une existence beaucoup plus tranquille, quelques prospecteurs bornés et d'autres paisibles fermiers continuèrent à faire perdurer cet esprit pionnier, et c'est dans l'ouest du land, la partie la plus sauvage que le troisième chapitre va clore notre légende. Cowboy Cookout Barbecue et Cottonwood Creek Ranch en témoignent, là où la vie en communauté prend le pas sur l'individualisme de la quête de l'or. Vous remarquerez d'ailleurs que toutes les chaises du Cookout sont différentes ; ce détail reflète tout l'esprit des lieux, et rappelle la tradition où chacun porte un peu de son pain (et sa chaise) pour participer à la Grande Bouffe de l'Ouest (appellation personnelle). The Road Goes on... Une légende haute en couleur qui n'a pas fini de divulguer ses secrets et ses détails. Rien ne saurait être scellé, le jour où on décidera enfin d'apporter de l'eau au moulin en construisant une nouvelle attraction (et pourquoi pas une version européenne de Splash Mountain telle qu'elle est prévue depuis déjà de nombreuses années ?!) la mythologie de Thunder Mesa dévoilera un chapitre de plus...
ndlr : Cette page reprend essentiellement une narration extraite d'un précédent dossier consacré à l'Ouest selon Disney. J'ai toutefois tâché de l'étayer, afin qu'elle puisse trouver tout naturellement sa place dans ce petit guide. Si vous avez quelconques précisions et/ou corrections à y apporter, n'hésitez surtout pas à me contacter ! |