Vous avez aimé Adventureland ? Son fouillis végétal verdoyant aussi propice à l'exotisme qu'au dépaysement sauvage ? Vous avez adoré Jungle Cruise, même si vous commencez un peu à en avoir assez des blagounettes du guide et des animaux Animatronics ? Vous avez en tout cas de sérieuses chances de succomber au charme de Disney's Animal Kingdom, quatrième et dernier parc à thèmes de la maison à avoir ouvert ses portes sur le sol de Floride, le 22 avril 1998.

Les brochures publicitaires parlent d'une "nouvelle espèce de parc à thèmes" et, à dire vrai, elles n'exagèrent peut-être pas tant que ça (précision suffisamment rare  dans le monde de la publicité pour être soulignée): S'étendant sur près de 250 hectares (cinq fois la taille de notre Royaume Magique) et hébergeant 1500 animaux représentant plus de 250 espèces différentes, sans compter les quelques quatre millions d'arbres et de plantes en tout genres, le Royaume des Animaux fait figure d'espèce non répertoriée au sein du bataillon des parcs d'attractions de notre chère et tendre Walt Disney Company.

Jungle Cruise, Mission 2

Car Animal Kingdom c'est, en tout cas à en croire les éloges officiels, plus qu'un simple parc à thèmes. C'est un hommage, un havre de quiétude offert à la faune et à la flore, ainsi qu'un endroit où l'homme trouve sa place en toute humilité. Ici, le maître des lieux n'est pas un château, ni même une balle de golf géante voire encore un volcan japonais qui narguerait les Walt Disney Studios, bref, ici notre hôte est un arbre ; l'Arbre de Vie pour être précis. Vous pénétrez dans un lieu où la plupart des constructions humaines sont surplombées par une nature exubérante, à l'image des frêles bâtisses du village d'Harambe, tout en tôle rouillée, qui paraissent si fragiles et éphémères à côté de la végétation environnante. "Nous avons adopté des formes architecturales moins extravagantes pour que l'homme garde le profil bas, tout en délivrant un message d'humilité face aux merveilles de la nature" explique Joe Rohde, le directeur artistique du parc. L'alchimie fonctionne, tout ici est artificiel, pourtant on ne peut que s'émoustiller devant les prouesses d'Imagineering, tant le résultat est parfois aussi authentique que réaliste, rappelons le d'ailleurs, on ne triche guère avec Mère Nature, aussi lorsqu'il est question de créer des habitats viables pour des animaux, les fantaisies ne sont possibles qu'aux prix de nombreux efforts.

Au delà de toute volonté mercantile évidente (Animal Kingdom a vu le jour dans le but de dissuader les visiteurs d'aller lorgner du côté de la concurrence, et plus précisément du côté du similaire Bush Gardens, à Tampa), les artistes impliqués se sont efforcés d'insuffler au parc un message de respect et d'entente entre l'homme, la nature et le règne animal. Un message aussi noble que cruellement d'actualité à l'aube du 21° siècle... Animal Kingdom n'a bien sûr pas la prétention de rivaliser avec une ballade dans le Serengeti ou le delta de l'Okavango, d'un autre côté les visiteurs ne peuvent que se réjouir de voir une faune et une flore si exubérante en pleine Floride Centrale. Le pari est peut-être gagné lorsqu'il donne envie de visiter et considérer ces derniers refuges encore restés sauvages, en évitant la caricature bien trop souvent de mise... Propos un peu mièvres ? Sans doute, et tant mieux.