
Entre Far West et Old West
La deuxième moitié du
20°siècle suivra son petit bonhomme de chemin et avec elle de nouveaux
défis émergeront, parmi eux le projet Euro Disney resort, un nouveau
Royaume Magique qui se voudra à la hauteur du continent qui a tant
abreuvé l'imaginaire de Walt Disney de contes et de légendes. Un défi
car ce parc sera un retour aux sources et un hommage, un défi car le but
sera de repenser tout un concept afin de l'adapter aux goûts et aux
couleurs des pays de cette chère vieille Europe. Pas question de faire
un copier-coller avec les parcs existants américains, Euro Disneyland
serait un chef d'oeuvre, devenant bientôt le parc à thèmes le plus abouti
jamais réalisé.

Frontierland ne ferait pas exception à la règle et alors que Walt Disney imaginait son pays des frontières comme une
recréation paisible du jardin d'Eden de l'Amérique du 19° siècle, Tony Baxter et son équipe adoptèrent très vite une approche diamétralement
opposée pour son homologue européen. Aux États-unis Frontierland est une
évocation assez subtile de ces frontières qui ont marqué l"histoire du
pays, depuis la limite historique entre l'est et l'ouest sur le
Mississippi jusqu'aux étendues du Sud Ouest avec ses champs de batailles
de la Guerre du Mexique ou encore les régions sauvages du Nord. Américains
et Européens ont une approche sensiblement différente de cette période de
l'histoire, mythes fondateurs pour les uns, soif d'aventure sauvage pour
les autres. La clef du succès réside dans un subtil dosage de ces deux
notions, car comme toujours à Disneyland, l'Histoire est cernée de manière
brute et quelque peu remodelée, pour le plus grand plaisir de tout
un chacun. Les frissons sont au rendez-vous pour tout le monde mais de
véritables bribes historiques savent se révéler pour celui qui sait
flâner...
Toujours peut-être par contraste avec la vie séculairement rodée et
millimétrée qui régit la vieille Europe, l'Ouest américain se
doit de donner dans l'excès, dans la démesure, les extravagances
géologiques de Monument Valley, les coups de feu et les frissons,
Frontierland est un monde qui vit, une fourmilière historique dont le
coeur palpite à chaque instant, tout ce dont un amateur de western pouvait
rêver, entre la gloire pailletée de John Wayne et les panoramas grandioses
de John Ford, le tout teinté d'un zeste d'impertinence et de désinvolture
hors-la-loi d'un film de Sergio Leone.

Un seul mot d'ordre ;
clichés tape-à-l'œil
En
Californie et en Floride, Frontierland se déploie autour de Rivers of
America, cette paisible rivière artificielle qui prend forme tout autour
de cette petite langue de terre qu'est Tom Sawyer Island. En France
cependant, tout le land serait entièrement repensé afin de s'adapter à la
culture européenne comme nous l'avons déjà effleuré, ainsi, exit la
bucolique petite île sauvage, le poumon de tout Frontierland
serait Big Thunder Mountain qui, à la différence de ses homologues
américains, eut la chance d'être prévu pour Paris depuis le premier jour.
Les imagineers mettraient aux premières loges la montagne autour de
laquelle notre petit Far West s'articulerait géographiquement et
historiquement. Le résultat est impressionnant, à peine franchi les
rondins de Fort Comstock (le nom d'une mine d'argent du Nevada ET comme
par hasard le nom du chef paysagiste qui travailla sur Disneyland Paris
; Paul Comstock) nos cow-boys en herbe se retrouvent plongés dans
le tumulte de la ville minière de Thunder Mesa avec pour toile de fond les
reliefs accentués de la montagne, pour peu que la chance soit au
rendez-vous, un des deux vapeurs parachèvera le tableau.

Ainsi, avec pareil décor planté, Jeff Burke pût se pencher sur la légende de Thunder Mesa, l'essence même qui
va justifier chacun des éléments de tout le land. Comme les pics acérés de
Big Thunder Mountain, cette légende est omniprésente, où que vous vous
trouviez vous pouvez la distinguer et essayer, tant bien que mal, de
percer ses secrets...

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